L’étude clinique ANTICOV, menée dans 13 pays africains, a commencé à recruter des participants afin d’évaluer une nouvelle association thérapeutique, nitazoxanide + ciclésonide, destinée à prévenir l’évolution des formes légères à modérées de COVID-19 vers une forme sévère.
L’étude ANTICOV est menée par un consortium de 26 organisations africaines et institutions internationales de recherche et développement de premier plan, coordonnées par l’ONG de recherche médicale DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative ou initiative Médicaments contre les Maladies Négligées). C’est la plus vaste étude en Afrique à avoir pour objectif d’identifier des traitements précoces contre le COVID-19, capables de prévenir la progression de la maladie vers une forme sévère et de potentiellement limiter sa transmission.
« Dans de nombreux pays africains, nos pires craintes sont en train de se réaliser puisque les unités de soins intensifs déjà surchargées commencent à se remplir de patients atteints du COVID-19 », a déclaré le Dr John Nkengasong, directeur des Centres Africains de Contrôle et de Prévention des Maladies de l’Union Africaine (CDC Afrique). « Le continent africain ne reçoit pourtant pas suffisamment de doses de vaccins. L’efficacité de ceux-ci est en outre menacée par la propagation rapide des nouveaux variants, ce qui est un autre sujet majeur d’inquiétude. Il est donc urgent d’identifier des traitements abordables et faciles à administrer, capables d’empêcher l’évolution vers une forme grave de la maladie et de ralentir la propagation de l’infection. »
Le CDC Afrique a enregistré plus de 120 000 décès liés au COVID-19 sur le continent et le véritable bilan est estimé comme étant encore plus lourd. La propagation des nouveaux variants laisse aussi craindre une augmentation du nombre de nouveaux cas dans les prochains mois.
ANTICOV évalue l’efficacité d’un nouveau traitement potentiel associant le nitazoxanide, un médicament antiparasitaire, et le ciclésonide, un corticostéroïde administré par inhalation. Ces deux composés possèdent des mécanismes d’action différents qui pourraient agir à différents stades de l’infection : le premier est potentiellement actif lors de la première phase de réplication du virus SARS-CoV-2, tandis que le deuxième diminue la probabilité d’apparition d’une phase inflammatoire quelques jours plus tard. Ces deux médicaments sont déjà disponibles sur le marché et si leur efficacité contre le COVID-19 est démontrée, ils offriront l’avantage d’être abordables et faciles d’accès et d’administration.
« Cela fait plus d’un an que la crise du COVID-19 a été qualifiée de pandémie. Mais même si nous disposons à présent de vaccins homologués, il existe encore très peu de traitements disponibles, en particulier pour le premier stade de l’infection – quand il serait possible d’empêcher la progression vers une forme sévère, de réduire la transmission et peut-être de prévenir le risque d’effets à long terme, ou “COVID long” », a déclaré la Dr Nathalie Strub-Wourgaft, directrice en charge de la réponse COVID-19 de DNDi. « Nous n’avons toujours pas de traitement pour les formes légères à modérées, et cela reste une priorité de recherche en Afrique – et dans le monde entier. »
L’inclusion de l’association nitazoxanide + ciclésonide dans un nouveau bras de l’étude ANTICOV a été examinée par le Comité d’examen éthique de la recherche sur le COVID-19 de l’OMS et par le Forum africain de réglementation des vaccins (AVAREF), qui a été créé par l’OMS et a facilité le processus réglementaire d’autorisation de l’étude dans chaque pays.
« En plus de traitements pour les patients atteints de formes légères à modérées de COVID-19, nous avons aussi besoin d’outils de diagnostics fiables, simples, faciles à utiliser et abordables, qui puissent devenir la clé de voûte des programmes de tests et de traitements menés par les gouvernements africains », a déclaré la Dr Monique Wasunna, directrice du bureau Afrique de DNDi. « Nous soutenons pleinement le travail de la Fondation pour les Nouveaux Diagnostics Innovants (FIND), qui est un partenaire du Consortium ANTICOV et l’un des co-organisateurs du Partenariat des diagnostics de l’Accélérateur d’accès aux outils contre le COVID-19 ACT-A. »
Les premiers participants de ce nouveau bras de l’étude ont été recrutés en République démocratique du Congo (RDC) et en République de Guinée. Dans les semaines à venir, d’autres sites accueilleront des patients au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Ghana, en Guinée équatoriale, au Kenya, au Mali, au Mozambique, en Ouganda et au Soudan.
« Face à un virus qui mute et remet en question les outils dont nous disposons pour le combattre, la recherche de traitements n’a jamais été aussi importante. Il est absolument crucial d’identifier les thérapies qui pourront être ajoutées à l’arsenal de soins existant – et de déterminer comment les adapter au mieux aux environnements à faibles ressources », a déclaré le Dr Philippe Duneton, Directeur exécutif d’Unitaid qui finance en partie l’étude. « En soutenant ANTICOV, Unitaid investit dans la recherche de médicaments capables de soigner les formes légères et modérées de COVID-19 – une importante faille dans l’arsenal thérapeutique actuel, que nous devons combler si nous voulons prévenir hospitalisations et décès. »
ANTICOV s’appuie sur une plateforme dite « adaptative », un type d’essai flexible et innovant qui permet d’ajouter ou de retirer des traitements sur la base des analyses de résultats effectuées en continu. L’étude clinique a débuté en septembre 2020 en mettant à l’essai l’association d’antirétroviraux anti-VIH lopinavir/ritonavir ainsi que le médicament antipaludique hydroxychloroquine. Ces deux premiers bras de l’étude ont été suspendus en décembre 2020, après que l’OMS a mis à jour ses directives thérapeutiques qui recommandent désormais de ne pas utiliser ces médicaments pour traiter les patients atteints de COVID-19, y compris les cas légers et modérés.
Le Consortium ANTICOV évalue et prépare les médicaments qui seront mis à l’essai dans le prochain bras de l’étude, en s’appuyant sur les analyses effectuées par le groupe de travail d’experts du Partenariat des thérapeutiques de l’Accélérateur d’accès aux outils contre le COVID-19 ACT-A (Access to COVID-19 Tools Accelerator), dirigé conjointement par Unitaid et Wellcome.
Le consortium ANTICOV est principalement financé par le Ministère fédéral de l’éducation et de la recherche allemand (BMBF), à travers l’Établissement de crédit pour la reconstruction (KfW), et par l’agence pour la santé mondiale Unitaid, dans le cadre du dispositif ACT-A. Des financements supplémentaires proviennent du partenariat entre l’Europe et les Pays en développement pour les essais cliniques (EDCTP) – dans le cadre de son deuxième programme soutenu par l’Union européenne, avec un financement additionnel du gouvernement suédois – la Starr International Foundation et la Stavros Niarchos Foundation (SNF).
Partenaires du consortium ANTICOV
Le Consortium mobilise un important réseau de partenaires possédant une expérience reconnue dans la recherche clinique. Les 26 membres du Consortium sont :
- ALIMA (The Alliance for International Medical Action), France / Sénégal
- Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les Hépatites Virales (ANRS), France
- Bahir Dar University, Ethiopie
- Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal), Espagne
- Bernhard-Nocht-Institut für Tropenmedizin (BNITM), Allemagne
- Centre Muraz, Institut National de Santé Publique, Burkina Faso
- Centre for Research in Therapeutic Sciences, Kenya
- Centro de Investigação em Saúde de Manhiça, Mozambique
- Centro de Investigação e Treino em Saúde da Polana Caniço (CISPOC), Instituto Nacional de Saúde, Mozambique
- Centre Pasteur du Cameroun (CPC), Cameroun
- Centre Pour Le Développement Des Vaccins, Ministère de la Santé, Mali
- Centre Suisse de Recherches Scientifiques (CSRS), Côte d’Ivoire
- Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi), Suisse, entité coordinatrice
- Epicentre, France
- Foundation for Innovative New Diagnostics (FIND), Suisse
- Ifakara Health Institute, Tanzanie
- Infectious Diseases Data Observatory (IDDO), Royaume-Uni
- Institute of Endemic Diseases, Université de Khartoum, Soudan
- Institut de Médecine Tropicale, Anvers (ITM), Belgique
- Institut National de Recherche Biomédicale (INRB), République démocratique du Congo
- The Kenya Medical Research Institute (KEMRI), Kenya
- Kumasi Centre for Collaborative Research in Tropical Medicine (KCCR), Ghana
- Medicines for Malaria Venture (MMV), Suisse
- Swiss Tropical and Public Health Institute (Swiss TPH), Suisse
- Université de Bordeaux / Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), France
- Université de Gondar, Ethiopie
A propos de DNDi
Organisation de recherche et de développement à but non lucratif, l’initiative Médicaments contre les Maladies Négligées (DNDi ou Drugs for Neglected Diseases initiative) œuvre pour fournir de nouveaux traitements contre les maladies négligées, notamment la leishmaniose, la trypanosomiase africaine (maladie du sommeil), la maladie de Chagas, les maladies liées aux vers filaires et le mycétome, ainsi que pour les patients négligés, particulièrement ceux qui vivent avec le VIH pédiatrique et l’hépatite C. DNDi coordonne également l’essai clinique ANTICOV qui vise à trouver des traitements pour les formes légères à modérées de COVID-19 en Afrique. Depuis sa création en 2003, DNDi a déjà mis à disposition huit traitements innovants, notamment de nouvelles associations thérapeutiques contre le kala-azar, deux antipaludiques à dose fixe et la première nouvelle entité chimique développée par DNDi, le fexinidazole, approuvé en 2018 pour le traitement des deux stades de la maladie du sommeil. dndi.org
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Photo credit: Kenny Mbala-DNDi