Début d’une étude clinique de Phase II/III en République Démocratique du Congo et en République centrafricaine
Une étude clinique de phase II/III d’un nouveau médicament oral contre la maladie du sommeil vient de démarrer en République Démocratique du Congo (RDC), suivie prochainement de la République centrafricaine, chez des patients atteints de la maladie au stade 2. L’étude, initiée par l’initiative Médicaments contre les Maladies Négligées (DNDi ou Drugs for Neglected Diseases initiative) et ses partenaires, testera l’efficacité et la tolérance du fexinidazole en comprimés, administré une fois par jour pendant 10 jours.
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La maladie du sommeil, ou la trypanosomiase humaine africaine (THA), transmise par la piqûre de la mouche tsé‐tsé, est mortelle au stade avancé si elle n’est pas traitée. Elle sévit dans les zones les plus reculées de 36 pays d’Afrique sub‐saharienne. Bien que l’incidence de la maladie du sommeil soit actuellement en recul, elle retrouve des niveaux épidémiques dès que les efforts de lutte se relâchent. Aujourd’hui, près d’un quart des patients sont des enfants de moins de 15 ans et la majorité des cas signalés en Afrique surviennent en RDC.
Les traitements actuels de la maladie au stade 2, lorsque le parasite franchit la barrière hématoencéphalique, sont difficiles à administrer, car ils nécessitent des perfusions effectuées en milieu hospitalier. Les malades vivants dans des zones éloignées des structures de santé doivent souvent effectuer pour s’y rendre de longs déplacements, parfois de plusieurs jours et souvent à pied.
‘Avec ce projet, nous franchissons une étape décisive pour les maladies tropicales négligées en montrant qu’il est tout à fait possible de faire progresser en recherche et développement pharmaceutique une nouvelle entité chimique, offrant peut être demain une approche complétement nouvelle dans la prise en charge de la maladie du sommeil’, souligne le Dr Bernard Pécoul, Directeur Exécutif de DNDi. ‘En unissant les efforts et les compétences de tous nos partenaires scientifiques et médicaux ‐ en particulier ceux des pays endémiques ‐ nous pouvons aller de l’avant et développer des traitements adaptés à ces maladies’, a‐t‐il ajouté.
Le fexinidazole est le premier composé issu des efforts réalisés par DNDi dans le cadre du projet sur les nitroimidazoles, débuté en 2005 en étudiant à nouveau les travaux effectués sur cette classe de médicaments. Cette étude pivot de phase II/III vise à obtenir l’enregistrement pour un nouveau traitement de la maladie du sommeil due au parasite Trypanosoma brucei (T.b.) gambiense au stade 2 et au stade 1, ainsi que pour l’autre forme de la maladie du sommeil due à T.b. rhodesiense.
Si l’étude montre des résultats satisfaisants, le fexinidazole sera le premier médicament administré par voie orale utilisé à la fois pour les stades 1 et 2 de la THA. Il permettra alors d’éviter des procédures de dépistage et de traitement lourdes, nécessitant des ponctions lombaires systématiques chez chaque patient diagnostiqué afin de déterminer le stade de la maladie et ainsi choisir le traitement approprié.
‘Nous avons grand espoir qu’avec ce nouveau médicament, la prise en charge de nos patients soit considérablement simplifiée’, explique le Dr Wilfried Mutombo du Programme National de Lutte contre la Trypanosomiase Humaine (PNLTHA) de RDC, investigateur et coordinateur de l’étude clinique. ‘Par ailleurs, les investissements réalisés dans la rénovation des laboratoires et des salles d’hôpitaux, la formation du personnel soignant et l’introduction de technologies adaptées nous permettent de faire un rapport en temps réel pour chaque patient. Cette dynamique crée pour tout un groupe de professionnels spécialisés un environnement de recherche clinique désormais conforme aux normes internationales’, a‐t‐il ajouté.
L’étude est menée par DNDi en collaboration avec l’Institut Tropical et de Santé Publique Suisse (Swiss TPH), le Programme National de Lutte contre la Trypanosomiase Humaine (PNLTHA) de la République Démocratique du Congo et de la République centrafricaine, et Médecins Sans Frontières (MSF).
Le médicament est développé conjointement par le groupe pharmaceutique français Sanofi et DNDi : DNDi est responsable du développement pré‐clinique, clinique et pharmaceutique, tandis que Sanofi est responsable du développement industriel, de l’enregistrement, et de la production du médicament par ses sites de fabrication.
L’étude prévoit le recrutement de 510 patients sur cinq sites cliniques en RDC et un site en République centrafricaine.
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A propos de l’étude sur le fexinidazole
L’étude sur l’efficacité et la tolérance du fexinidazole est une étude pivot de non infériorité, multicentrique, randomisée, ouverte, de phase II/III. Le schéma posologique du fexinidazole consistera en une dose de 1800 mg (3 comprimés) une fois par jour pendant les 4 premiers jours, suivie d’une dose de 1200 mg (2 comprimés) une fois par jour pendant les 6 jours suivants (10 jours au total). Le traitement de référence, NECT, sera également administré pendant 10 jours : le nifurtimox sous la forme de 3 prises orales par jour pendant 10 jours et l’eflornithine avec 2 perfusions intraveineuses par jour (de 2 heures chacune) pendant 7 jours. Deux tiers des patients recevront le fexinidazole et un tiers recevra la combinaison NECT. L’étude évaluera la tolérance et l’efficacité du fexinidazole, avec NECT comme comparateur actif. NECT est actuellement le traitement de première intention pour la maladie au stade 2 et a notamment remplacé, depuis 2009, le mélarsoprol, un médicament à base d’arsenic. Le protocole de l’étude sur le fexinidazole a été revu par un groupe de travail éthique international créé par la Société Française et Francophone d’Éthique Médicale (SFFEM) avec le soutien de l’OMS. Il a par la suite été accepté par les autorités nationales et le comité d’éthique de Médecins Sans Frontières.
Financement de l’étude
Ce projet est financé par la Fondation Bill & Melinda Gates, Médecins Sans Frontières, l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), le Département britannique pour le développement international (DFID), le Ministère français des affaires étrangères et européennes (MAEE), le GIZ au nom du Gouvernement fédéral de la République allemande, le Ministère néerlandais des affaires étrangères (DGIS), l’Agence suisse pour le développement et la coopération (SDC), ainsi que des donateurs individuels.
A propos de la maladie du sommeil
La maladie du sommeil (ou trypanosomiase humaine africaine, THA) est une maladie mortelle si elle n’est pas traitée, qui menace des millions de personnes dans 36 pays d’Afrique sub‐saharienne. La maladie est provoquée par un parasite transmis par la mouche tsé‐tsé et elle évolue souvent de manière asymptomatique pendant plusieurs années (stade 1), avant de passer au stade 2 lorsque les parasites traversent la barrière hémato‐encéphalique et pénètrent le système nerveux central. Actuellement, avant même de traiter le patient, le stade de la maladie doit être déterminé sur un échantillon de liquide céphalo‐rachidien prélevé par ponction lombaire.
A propos de DNDi
DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative) est un organisme à but non lucratif de recherche et de développement visant à amener sur le marché de nouveaux traitements contre les maladies négligées, en particulier la maladie du sommeil, la maladie de Chagas, la leishmaniose, les infections aux vers filaires, le paludisme et le VIH pédiatrique. Depuis sa création en 2003, DNDi a développé six nouveaux traitements : deux associations antipaludiques à doses fixes (ASAQ et ASMQ), la combinaison thérapeutique Nifurtimox‐Eflornithine (NECT) pour la maladie du sommeil au stade 2, l’association thérapeutique stibogluconate de sodium et paromomycine (SSG&PM) pour la leishmaniose viscérale en Afrique, une série d’associations thérapeutiques pour la leishmaniose viscérale en Asie et une formulation pédiatrique de benznidazole pour la maladie de Chagas. DNDi a participé à la création de trois plateformes de recherche clinique : LEAP (Leishmaniasis East Africa Platform) au Kenya, en Éthiopie, au Soudan et en Ouganda; la Plateforme THA basée en RDC pour la maladie du sommeil; et la Plateforme de Recherche Clinique sur la Maladie de Chagas en Amérique Latine.
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