Maladie du sommeil
La trypanosomiase humaine africaine [THA]

60 millions de personnes à risque en Afrique subsaharienne
Quel est l’impact annuel de la THA ?
50 000 à 70 000 cas(1)
1 525 000 DALY(2) (3)

De larges proportions de communautés peuvent être atteintes de la THA avec de graves conséquences socio-économiques. A la fin du 20e siècle, des épidémies ont touché jusqu’à 50 % de la population dans plusieurs villages de l’Afrique rurale.

Quels sont les pays touchés par la THA ?
Parmi les 36 pays où la THA est endémique, les 7 pays les plus touchés représentent 97 % de la totalité des cas signalés(voir carte géographique).
La République démocratique du Congo (RDC) regroupe à elle seule les 2/3 des cas signalés(4).
La THA affecte en premier lieu les régions rurales les plus pauvres d’Afrique où la difficulté d’établir un diagnostic, l’instabilité politique et le manque de surveillance épidémiologique ne permettent pas une évaluation exacte de la prévalence de la maladie.

Comment la THA est-elle transmise ?
Transmise à l’homme par la mouche tsé-tsé, la THA est causée par deux sous-espèces du parasite protozoaire kinétoplastide Trypanosoma brucei : T.b. gambiense (en Afrique de l’Ouest) et T.b. rhodesiense (en Afrique de l’Est).

Sous quelles formes se manifeste la THA et quels en sont les symptômes ?
La THA comprend deux stades :
stade 1 - la phase lymphatico-sanguine dont les symptômes tout à fait ordinaires (tels que maux de tête et accès de fièvre) passent généralement inaperçus en l’absence de surveillance active spécifique à la THA.
stade 2 - la phase neurologique qui survient par la suite lorsque les parasites ont traversé la barrière céphalo-méningée et qui provoque d’importants troubles du sommeil, la paralysie, une détérioration mentale progressive et finalement la mort en l’absence d’un traitement approprié.

Quels sont les traitements actuels contre la THA au stade avancé ?
Melarsoprol : très toxique, à taux d’échec croissant, administré à la majorité des patients au 2e stade de la THA en 2007
Introduit dans les années 1940, ce médicament à base d’arsenic demeure le plus utilisé dans le traitement de la THA en stade 2, malgré un niveau élevé de toxicité impliquant une létalité de 5 à 6 % liée notamment à une encéphalopathie réactionnelle. Des taux croissants d’échec thérapeutique sont signalés pouvant atteindre 50 % dans certaines régions.

Eflornithine (DFMO) : mieux toléré, efficace, mais exigeant énormément de ressources, administré à environ 30 % des patients en 2007
Dans les années 1980, ce médicament anticancéreux à faculté trypanostatique fut évalué puis recommandé en 1989 par l’Agence américaine pour l’Alimentation et les Médicaments (FDA) comme traitement contre la THA à Trypanosoma brucei gambiense au stade avancé. L’expérience récente a montré que l’éflornithine est un médicament de première ligne très efficace et plus sûr que le mélarsoprol. Cependant son utilisation généralisée, et notamment dans des régions sans ressources, est compromise par la complexité de son administration. Elle requiert des perfusions lentes, toutes les 6 heures, 4 fois par jour et durant 14 jours, du personnel infirmier, une supervision médicale et du matériel accessoire en quantité (tel que des solutions pour les perfusions, l’équipement pour effectuer ces perfusions, des compresses stériles). Néanmoins, si dans les cinq dernières années seuls 15 % des patients ont pu bénéficier de ce traitement, le pourcentage ne cesse de croître (atteignant 30 % en 2007) grâce à la mise au point et à la distribution par l’OMS de kits de traitement à l’éflornithine comprenant tout le matériel et les instructions nécessaires.

Nifurtimox : non coûteux, facile d’utilisation, mais une efficacité limitée en monothérapie et non enregistré contre la THA
Ce médicament trypanocide à prendre par voie orale, enregistré comme traitement contre la maladie de Chagas, fut utilisé dans certains cas à titre compassionnel pour soigner la THA en stade 2. Mais son efficacité reste trop limitée pour qu’il soit utilisé en monothérapie contre cette maladie mortelle.


1 - Organisation mondiale de la Santé (OMS). Relevé épidémiologique hebdomadaire. 2006 : 81;71-80.
2 - DALY est une mesure d’impact sociétal formée de l’addition du nombre d’années 
potentielles de vie perdues à cause d’une mort prématurée et du  nombre d’années productives perdues à cause d’un handicap.
3 - OMS.  Rapport sur la santé dans le monde. Genève; 2004. Disponible sur  http://www.who.int/whr/2004/fr/index.html,
4 - Simaro P., Jannin J,  Cattand P. PLoS Med. 2008;5:e55
Published by Drugs for Neglected Diseases Initiative - 15 Chemin Louis-Dunant 1202 Geneva Switzerland - Photo credits: DNDi unless otherwise stated - Editor: Sadia Kaenzig - Tel: +41 22 906 9230 - Fax: +41 22 906 9231 - www.DNDi.org